L'EMPIRE DU MILIEU A L'ORIGINE DU FOOTBALL !


Le premier témoignage de l’histoire du jeu de balle au pied nous provient de l’empire chinois des Shang, près de 2 000 ans avant JC. La dynastie des Shang s’étend d’environ de 1 800 à 1 100 avant JC. Son histoire nous est connue par les fouilles archéologiques de 1927 et 1950 qui ont mis à jour de nombreuses tombes royales et d’importantes inscriptions. Les Shang connaissaient déjà l’écriture. Même si aucun texte « littéraire » ne nous est parvenu, des pictogrammes, des idéogrammes et des phonogram- mes, creusés sur des os ou des carapaces de tortue, attestent cette première écriture chinoise. La légende attribue à l’empereur mythique Huang-Ti, vers 2 500 avant JC, l’invention d’un jeu de balle. Cette pratique faisait partie de l’entraînement militaire. La balle était ronde et en cuir de porc ou de chien. Elle devait être lancée au-delà de deux bâtons plantés.
Les autres traces avérées du football en Chine remontent à la période de 200 avant JC. Le livre des Han (Han Shu) retrace l’histoire de la première partie de la dynastie des Han (206 av. J.-C., 220 apr. JC ). Cet ouvrage a enregistré les faits et gestes des empe- reurs et parle d’un jeu de balle au pied. Pour les militaires chinois, cette activité au pied s’appelait tsu chu. Littéralement tsu chu signifie « frapper la balle avec le pied » ( tsu voulant dire « frapper du pied » et chu désignant la balle ). Les scribes de la dynastie des Han nous apprennent que le ballon était fait de cuir rembourré de cheveux et de plumes. La balle devait être poussée avec les pieds et projetée dans un filet d’environ quarante centimètres, fixé à des bambous. Les joueurs pouvaient aussi utiliser la poitrine, le dos ou les épaules. Un poème attribué à Li Yu ( 136-50 av. JC ) décrit le jeu ainsi :
« La balle est ronde, Le terrain carré pareil à l’image du ciel et de la terre. La balle vole au-dessus de nous comme le soleil Tandis que deux équipes se font face. »
On notera l’analogie cosmique. Sous le règne de l’empereur Chengti, les soldats chinois jouaient au tsu chu en l’honneur de son anniversaire. Les vainqueurs devenaient rapidement des héros nationaux. On punissait les vaincus à coups de lanières. Le jeu devait donc être extrêmement violent et demandait une habileté diabolique pour faire passer la balle dans un filet de quarante centimètres de diamètre, situé parfois à plus de neuf mètres de hauteur entre deux bambous. Un manuel de guerre de la dynastie des Han fait état de l’entraînement au tsu chu, où toutes les parties du corps, sauf les mains, étaient autorisées pour marquer. On a retrouvé de vieux poèmes chinois qui célèbrent l’adresse et la force d’un de ces Zidane de l’époque, Chang-Fu, qui pouvait envoyer le ballon à la hauteur d’une pagode. D’autres poètes mettent en lumière l’habileté technique de Wang Ch’San. Les Chinois de l’Antiquité avaient déjà leur Pelé et leur Ronaldo !
Rien ne permet de dire si le jeu de balle au pied était une forme dégénérée du jeu de balle à la main. Au contraire, on peut penser que l’adresse au pied, bien plus difficile que la dextérité, avait une valeur en soi chez les Chinois.

Extrait du livre « Le Dieu football » de Philippe Villemus publié en février 2006 aux Editions Eyrolles.
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LEGENDES
Photo 1: Joueur de balle sur un bas-relief. Photo 2: Appuie-tête octogonal, céramique peinte fabriqué par la famille Zhang entre 1149 et 1219.


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